Le syndrome de l’intestin irritable (SII), ou syndrome du côlon irritable (CI), est une maladie chronique. Elle est accompagnée dans 90 % des cas de symptômes digestifs comme des douleurs fréquentes au bas-ventre, des crampes, des ballonnements, des flatulences ainsi que des modifications dans les déplacements de la nourriture dans le tract intestinal, le tout associé à des facteurs psychologiques comme le stress et l’anxiété.
10 % de la population mondiale souffrirait du syndrome de l’intestin irritable alors qu’au Canada, c’est plus de 13 % à 20 %de la population qui serait touchée selon La solution FODMAP, voir plus bas. De plus, un tiers des patients en consultation auprès des gastro-entérologues en souffrent selon Passeport-santé ce serait jusqu’à 50 % des patients. Selon un article de Wikipédia, cette maladie a un coût économique important22, notamment à cause des multiples consultations nécessaires, et parfois, à cause des erreurs de diagnostic conduisant à un traitement inapproprié. Le coût annuel moyen du SII est estimé à environ 900 euros (1 300 $CDN) par patient en France23. Heureusement, la maladie, bien que fréquente, n’est pas grave et n’évolue pas vers d’autres pathologies importantes. Cependant, elle retentit sur la qualité de vie et sur le bien-être, et comme j’en souffre, je me permet d’en parler.
Plusieurs recommandations sont formulées concernant de saines habitudes de vie en lien avec l’intestin irritable. Pour ma part, j’introduis depuis longtemps des fibres dans mon alimentation, je pratique la méditation depuis deux années et le yoga depuis une dizaine d’années et je suis plutôt actif physiquement. Malgré tout cela, j’avais des problèmes d’intestin irritable. J’ai donc décidé de chercher des solutions ailleurs, du côté de l’alimentation.
Je ne suis ni un médecin, ni un scientifique, mais j’ai trouvé récemment des solutions pour réduire mes symptômes. Et toujours selon le livre La solution FODMAP, ces solutions sont efficaces pour environ 75 % des cas. Pas mal, non?
Qu’est-ce que l’approche FODMAP ?
Essentiellement, il s’agit de restreindre, voire d’éliminer de son alimentation les aliments ou composants parmi les FODMAP auxquels nous sommes intolérants. Il est question ici d’être intolérant et non pas allergique.
Une intolérance alimentaire consiste en une sensibilité alimentaire qui n’entraîne pas de réaction immunitaire chez l’individu. Alors que les allergies alimentaires et les sensibilités chimiques peuvent être provoquées par une petite quantité d’un aliment, une portion de taille normale est généralement requise pour entraîner les symptômes de l’intolérance alimentaire. Bien que les symptômes de l’intolérance alimentaire varient et puissent être assimilés à ceux d’une allergie alimentaire, les intolérances alimentaires sont plus susceptibles de se manifester dans le système gastro-intestinal, et celles-ci sont habituellement causées par une incapacité de digérer ou d’absorber certains aliments ou certains composants de ceux-ci.
À titre d’exemple, l’intolérance aux produits laitiers constitue l’une des intolérances alimentaires les plus fréquemment observées. Appelée intolérance au lactose, celle-ci se manifeste chez les gens auxquels la lactase, un enzyme requis pour digérer le lactose, un sucre présent dans le lait, fait défaut. Les douleurs et les ballonnements abdominaux, la diarrhée et les flatulences constituent des symptômes de l’intolérance au lactose.
Les allergies alimentaires et les intolérances alimentaires, Santé Canada
Que signifie FODMAP ? C’est un acronyme de Fermentable Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides And Polyols. Peter Gibson et Sue Sheperd, deux chercheurs de l’Université de Monash, en Australie, ont identifié les composants susceptibles d’être décomposés par le microbiote (alias flore intestinale) dans le gros intestin et de provoquer le SII chez certains individus. Ces chercheurs mettent à jour leur travail depuis 2005 par l’ajout de nouveaux aliments aux listes qui contiennent les composants responsables du SII.
Une diète d’élimination complète, puis une réintroduction progressive
L’approche consiste à appliquer une diète draconienne pendant quelques semaines en éliminant tous les aliments qui contiennent l’un ou l’autre des FODMAP identifiés par la recherche. Puis, une fois les symptômes du colon irritable complètement disparus, soit environ deux semaines, on réintroduit chaque semaine quelques aliments appartenant à une seule et même classe de FODMAP pour le tester.
J’ai commencé la première semaine de réintroduction avec la classe des fructanes, qui contient entre autres les oignons, les poireaux ainsi que le blé, l’orge et le seigle. Durant la première semaine de réintroduction, j’ai mangé une soupe à l’oignon, puis deux jours après des rôties et des pâtes de blé. Dans mon cas, je n’ai ressenti aucun symptôme, donc je n’ai pas à les éliminer.
Lors de la deuxième semaine, c’était le tour les galacto-oligosaccharides (GOS). Et là, j’ai trouvé un des responsable de mon SII en mangeant des haricots («bines» en québécois).
Troisième semaine : le fructose. J’ai fait le test en avalant deux bonnes cuillerées de miel et, les autres jours, en sucrant mes tisanes avec du miel. Aucun effet néfaste. J’ai conclu que le fructose m’est permis.
Lors de la quatrième semaine, ce fut le tour des polyols. J’ai essayé les pommes et encore une fois je n’ai ressenti aucun effet particulier.
Dans mon cas, je connaissais déjà mon intolérance au lactose, car un test d’haleine prescrit par un médecin spécialiste l’avait indiqué il y a quelques années. Cependant, des recommandations peu claires à l’égard des produits laitiers et une incompréhension de ma part ont fait en sorte que je n’avais pas une consommation adéquate des produits laitiers. Je comprends maintenant que je dois proscrire lait et yogourt, sauf ceux sans lactose. Le lactase, qui est ajouté dans les produits sans lactose, a pour rôle de briser la molécule de lactose en deux, le rendant inoffensif. Le beurre m’est également permis puisqu’il ne contient que des traces de lactose, ainsi que presque tous les fromages en petite quantité, exceptés les fromages frais (ricotta, cottage, mascarpone…) et la crème glacée avec lactose.
Maintenir le cap
Conclusion : je suis intolérant au lactose et aux GOS. Toutefois, dans ce dernier cas, il semble que je pourrais consommer en petite quantité des lentilles et des pois chiches, mais seulement s’ils sont achetés en conserve et déjà cuits. Je devrai les rincer abondamment et bien les égoutter, j’élimine ainsi la plus grande partie du composant qui m’incommode.
Donc, très peu de sacrifice du côté du lactose : j’ai mis de côté le yogourt glacé et le ricotta, et j’y vais mollo dans le fromage.
Mais si, volontairement ou involontairement, je consomme un aliment qui m’est interdit, comme du gâteau qui contient de la poudre de lait, un mal de ventre survient, alors je m’interroge tout de suite sur ce qui cloche, ce qui me ramène sur la bonne voie. Je consulte une application installée sur mon téléphone intelligent et produite par l’université Monash à partir des travaux des deux chercheurs cités plus haut. J’ai ainsi toujours à portée de la main une liste à jour de ce qui m’est permis et interdit. L’application n’existe qu’en anglais et en allemand, mais elle est disponible autant pour les technologies d’Apple (iPhone) que pour celles de Google (Androïd). Pour moi, c’est un outil fort utile pour appliquer facilement la diète FODMAP.
Au début de la diète d’élimination, j’ai consulté une nutritionniste spécialisée en gastro-entérologie pour m’aider dans ma démarche, comme le suggère l’ouvrage La solution FODMAP. J’étais très motivé à l’idée de régler mon problème efficacement et Lise Bouthillier, de la clinique nutrition de l’Université de Montréal, ainsi qu’une étudiante en nutrition m’ont été vraiment utiles, et ce, en seulement deux rendez-vous. Comme Madame Bouthillier applique l’approche FODMAP, j’étais en terrain connu. Mise en garde : appliquer la diète FODMAP signifie également mettre de côté des aliments qui peuvent être très sains. Il faut donc bien s’assurer de ne pas créer de déficit nutritionnel. Je vous suggère de prendre rendez-vous rapidement, car il y a une liste d’attente de plusieurs semaines. En attendant, achetez le livre la diète FODMAP et consultez les liens à la fin de cet article, vous serez plus à même de profiter de votre rencontre avec les nutritionnistes.
J’ai remarqué que si je suis stressé, je risque d’être plus susceptible à de l’intolérance. Les quantités sont importantes : plus je mange un aliment à bannir, plus mes symptômes sont sévères, donc s’il ne m’est pas interdit de goûter, je ne dois pas consommer «une portion normale pour les autres». Même si je tolère plusieurs FODMAP, si j’en consomme plusieurs et en bonne quantité, il y a un risque d’avoir des symptômes incommodants. Un exemple : une minestrone contenant oignons, ail, poireau, un peu de lentilles même bien rincées et bien égouttées, des pâtes, du pain et une bonne portion de fromage risque de m’indisposer si je prends tout cela dans un même repas. Et si c’est dans une période de stres, c’est encore pire. C’est l’abondance de FODMAP pris simultanément qui peut me perturber, alors que pris individuellement ils ne poseraient très peu de problème.
Liens d’intérêt
Pour une introduction générale et une description des symptômes: https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_l%27intestin_irritable
Un résumé de toute la démarche FODMAP sur le site passeport-santé, lequel est pour moi une référence en santé : http://www.passeportsante.net/fr/Nutrition/Dietes/Fiche.aspx?doc=diete-fodmap
Un dossier sur le syndrome de l’intestin irritable : http://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=syndrome_intestin_irritable_pm
Un autre dossier sur le syndrome de l’intestin irritable par la Société canadienne de recherche intestinale : http://www.mauxdeventre.org/centre-information/sujets-de-a-a-z/syndrome-de-lintestin-irritable/
Lancement du livre La solution FODMAP et interview d’un des auteurs à l’émission Bien dans son assiette à Radio-Canada : http://www.soscuisine.com/blog/livre-solution-fodmap-finir-maux-ventre/?lang=fr&sosref=SOS007&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=fodmapbook
Un article du groupe de diététistes Authority Nutrition sur la diète d’élimination des FODMAP : https://authoritynutrition.com/fodmaps/?utm_source=newsletter&utm_campaign=s10jan17&utm_medium=standard .
5 raisons de remettre en question les tests d’intolérances alimentaires, un article de SOS Cuisine : http://www.soscuisine.com/blog/cinq-raisons-de-remettre-en-question-les-tests-dintolerances-alimentaires/?lang=fr&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nonmember intéressant aussi sur la distinction intolérance vs allergie alimentaire.
Et finalement, pour rencontrer Madame Bouthillier, une nutritionniste spécialisée en troubles gastro-intestinaux : http://cliniquenutrition.umontreal.ca/services/services-aux-individus/clinique-de-nutrition-pour-les-personnes-ayant-des-troubles-gastrointestinaux-ou-des-allergies-alimentaires
Mise à jour 2017-02-22
Si vous êtes intolérant au lactose, il n’est pas nécessaire de bannir tous les produits laitiers. Un article qui nous guide :
https://authoritynutrition.com/dairy-foods-low-in-lactose/?utm_source=newsletter&utm_medium=standard
Aliments en moins.
Et quelques malaises en moins.
Mon sourire revient.