Prier sans la foi

Peut-on prier tous les jours sans croire à un être supérieur extérieur à nous-mêmes et qui intervient directement dans nos vies ? Certes, la prière est associée aux religions, mais peut-elle faire partie de notre pratique spirituelle même si nous demeurons athées, agnostiques ou libres penseurs ?

De fait, le christianisme, le judaïsme, l’islam, le bouddhisme, l’hindouisme et toutes les autres religions ou traditions spirituelles soulignent l’importance de la prière régulière, voire quotidienne. La prière a traversé les âges… et les cultures. Les paroles sont bien sûr différentes, mais la pratique est fondamentalement la même. Il s’agit d’une réflexion dans le calme et la solitude sur ce à l’égard de quoi on éprouve de la gratitude, sur ce qu’on désire ou qu’on souhaite profondément pour notre bien et sur la nécessité de pratiquer l’humilité. Je venais de lire ces lignes sur un blogue américain. Surprise ! L’auteur est agnostique et il a été élevé dans une famille athée. Mais, ce qui a attisé ma curiosité, c’est que sa description d’une pratique pieuse correspond à celle que je pratique quotidiennement depuis quelques mois, c’est-à-dire :

  • une affirmation d’humilité ;
  • un souhait à mon égard, l’identification d’un besoin ;
  • un exercice de gratitude.

Je m’adresse aux incroyants, aux sceptiques. Cet article est une invitation à considérer la prière comme une pratique de développement spirituel. Si on rejette la croyance à un Dieu, il n’est pas nécessaire de « jeter le bébé avec l’eau du bain ». On peut continuer à se passer de religion, soit, mais pourquoi ne pas utiliser la prière ?

 Ma prière

Pour ma part, j’ai trouvé bon de personnaliser ma prière, de la rédiger moi-même, de la mettre dans mes propres mots. Si on peut inventer notre propre prière, on peut aussi modifier une prière traditionnelle. Spontanément, j’ai aussi joint des gestes à ma prière.

Comme d’autres, j’ai réservé dans ma chambre un coin à la méditation et à la prière. Il s’y trouve également des notes et des livres pertinents portant sur ces exercices. Conserver un espace réservé à la méditation m’aide à me mettre naturellement dans un état d’esprit propice à l’activité. Ma pratique en est d’autant plus aisée.

Coin de méditation aménagé chez moi dans ma chambre.
Coin de méditation aménagé dans ma chambre.

Voici comment je procède. Chaque matin, la prière fait partie d’un rituel, toujours le même.  Maintenir un rituel est sécurisant, alors pourquoi m’en passer ? Au lever, je prends ma douche, je me lave les dents, je me rase et je bois un verre d’eau. Je fais mon lit, puis mes exercices. Ensuite, je médite et je prie brièvement comme suit.

1. Humilité

Agenouillé, je me prosterne à la manière des musulmans en me disant intérieurement : « Je suis un parmi la multitude : 1/7,300,000,000 ! ». Il y en a d’autres, beaucoup d’autres que moi.

« Je ne traverse pas la vie, c’est la vie qui me traverse, qui s’exprime par moi » : la vie existe depuis bien avant moi et continuera après moi sous d’autres formes.

Pourquoi développer l’humilité ? L’humilité s’oppose à toutes les visions déformées que je peux avoir de moi-même, telles que :

Ces visions de soi-même, lorsqu’elles atteignent une certaine intensité, peuvent relever de la pathologie. D’autre part, l’humilité me permet également de réaliser que ce que je suis et ce que je possède, tant matériellement que mentalement ou spirituellement est loin de ne tenir qu’à mon seul mérite. Il est plus sain pour moi d’essayer de laisser à d’autres le soin de « triompher de leur volonté ». L’humilité tient de la santé mentale.

2. Demande, souhait

Agenouillé comme les chrétiens et en gardant les mains ouvertes, paumes vers le haut, à la manière des musulmans en prière, je me dis : « Je souhaite être ouvert à l’inspiration, à l’intuition profonde qui me viendra aujourd’hui. » Ces derniers temps, j’essaie de m’ouvrir à l’inconnu que chaque jour apporte : saisir la bonne idée qui me viendra, écouter l’inspiration dont je pourrai bénéficier si je suis attentif, identifier l’impulsion qui me poussera à poser un geste positif dans la journée.

Et je suis exhaussé ! Le premier à entendre ma prière, c’est bien évidemment moi-même. J’ai appris qu’il me faut toujours, en dernière instance, compter sur moi ; même quand j’ai besoin d’aide ou de secours, encore faut-il que j’aille le chercher, que je le demande. « Frapper et l’on vous ouvrira » disait un sage.

3. Gratitude

Chaque matin, je trouve trois raisons différentes pour lesquelles j’éprouve de la gratitude. Agenouillé, en conservant les mains jointes, je me concentre sur ces trois intentions. En voici des exemples :

  • ce matin, j’éprouve de la gratitude pour ceux qui ont, au travers des âges, développé la méditation et qui continuent de l’enseigner ;
  • ce matin, j’éprouve de la gratitude pour les nombreux amis que je possède et qui m’aident en m’écoutant, en étant bienveillant à mon égard et en me faisant des suggestions ;
  • ce matin, j’éprouve de la gratitude pour notre époque, où l’Internet me permet facilement d’apprendre plus de choses sur le yoga, la méditation, l’exercice physique, l’alimentation et la santé ainsi que de publier moi-même ce blogue.

« La gratitude, c’est le paradis lui-même. » affirmait Djalâl al-Din Rûmi (1207-1273). Exprimer régulièrement ma gratitude me sort de la frustration et de l’apitoiement et me fait réaliser combien je suis privilégié et largement comblé.

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